lundi 20 décembre 2021

Grosse émotion ce soir...

 

Ci-dessous, le message d'une cliente...

Si on regarde le système économique, il est permis de douter de soi, quand on s'occupe d'un art populaire. Ah ! le luxe il s'en sort. Oui... enfin, je ne sais pas... je me souviens d'un reportage dans lequel on pouvait voir des artisans d'art français patienter dans la salle d'attente d'un milliardaire à Dubai... le résultat de l'appel d'offre allait tomber. Ce pauvre artisan jouait sa vie, semble-t-il, dans une cage de luxe. Il tremblait devant l'opulence. Il trémulait devant les azuléjos qu'il ne pourra lui-même jamais se payer. Est-ce qu'il s'en sortait vraiment ? ba ! je ne saurais le dire. Il faisait peine à voir, plutôt. Ah oui, certains horlogers s'en sortent à fabriquer des Rolex et autres mécaniques de luxe pour quelques mecs friqués qui vont vous dire ensuite que vous n'êtes pas loin d'avoir raté votre vie avec votre pauvre comtoise. J'ai un copain horloger, il ne se la pète pas lui. Julien, si tu m'entends. Il fait partie de cette poignée de travailleurs qui réparent l'horloge du peuple fabriquée par le peuple. L'horloge mécanique et pas celle des mecs à nique. Un résistant.
Mais moi, faut pas que je me laisse endormir. Si on regarde le système économique, oui, mais faut regarder autre chose. Ne nous laissons pas endormir. Le système nous colmate le cerveau, les marchands nous abreuvent de leur pitance technologique, de leur vite à consommer, de leur prêt à acheter. Si l'on n'y prend pas garde, la culture, l'art populaire, l'humanité et la nature sont détruites en nous et partout. Soyons vigilant.
Mais moi je m'en fous, je suis sauvé. J'ai reçu le message d'une cliente, qui me rappelle ce que je suis, ce qu'est la comtoise. La comtoise, ce n'est pas la comtesse, mais elle s'en fout. La comtoise, elle attend, au coin du salon. Elle attendra encore 150 ans ; elle verra s'écrouler ce monde qui n'en peut plus de remplacer les humains par des machines, de s'extraire de tout ce qu'il y a de nature en lui et hors de lui, de cracher sur la beauté et de pisser dans de l'eau propre.
C'est quoi la transmission, c'est quoi la culture, c'est quoi l'entraide ? il est encore temps de se poser ces questions, avant qu'elles ne nous soient définitivement confisquées.

Laurent CAUDINE


"Grosse émotion ce soir…faite aux alentours de 1890, achetée par les grands parents de mon Papy, probablement, mise en place dans la maison familiale sur le palier de l’escalier à Abitain pendant des décennies….
Elle aura vu grandir des générations, partir nos anciens, les guerres, l’occupation…et souffert avec le temps.
En mars son dernier gardien est parti, sans bruit dans la nuit, son chant s’est éteint…et puis j’ai eu l’immense honneur d’en hériter.
En piteux état, elle a été ramenée à la vie par Laurent Caudine à Moncayole, et ce soir elle a prit sa nouvelle place. Que sa mélodie résonne à nouveau pour longtemps dans notre maison.
Des objets plein d’histoire, d’amour et de tradition voilà de quoi est faite notre maison.
A chaque fois qu’elle sonnera l’heure ça sera comme un doux câlin de ta part Papy.
Merci."





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